Riz : le report des achats par les pays africains pourrait s’avérer payant d’ici la fin 2024

Agence Ecofin par Espoir Olodo (30 août 2024), Le riz fait partie des céréales vis-à-vis desquelles le continent africain affiche le plus de dépendance aux importations pour son approvisionnement. Dans un tel contexte, la hausse des prix mondiaux a un impact direct sur les consommateurs principalement situés en milieu urbain.

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Le dernier trimestre 2024 pourrait représenter une fenêtre d’opportunité intéressante pour les pays africains qui cherchent à importer du riz à bas coût depuis l’Asie. C’est ce qu’estime Patricio Mendez del Villar, chercheur au Cirad et éditeur de la note de conjoncture Osiriz.

Si le marché enregistre depuis le début de l’année une accalmie avec une baisse de 8 à 10 % des prix mondiaux depuis janvier et l’indice des prix du riz de la FAO à son plus bas depuis 12 mois en juillet dernier, l’essentiel de la dynamique est actuellement tiré par les Philippines et l’Indonésie où la demande est forte.

Du côté des acheteurs africains, la tendance est aux reports d’achats en attendant de nouvelles baisses de prix. Selon l’analyste interrogé par l’Agence Ecofin, cette stratégie pourrait surtout porter ses fruits d’ici la fin de l’année dans la perspective d’une amélioration de l’offre globale.

« Dans les mois à venir, nous allons entrer dans une période de récolte principale dans les pays asiatiques et il va y avoir une nouvelle offre qui arrive sur le marché. La production asiatique s’annonce plutôt bonne avec une légère augmentation par rapport à l’année dernière. Les pays exportateurs ont encore des stocks de l’année précédente, voire de l’année 2022. Il va falloir qu’ils mettent sur le marché ces stocks de riz pour pouvoir faire de la place aux nouvelles récoltes qui vont rentrer. Tout ceci fait qu’on arrive dans une période où l’offre va augmenterEt donc, les prix vont continuer à baisser », explique le responsable.

La stratégie commerciale de l’Inde sera déterminante dans les prochains mois 

Sur un marché mondial du riz où seulement 10 % de la production est échangée, les choix de l’Inde, premier exportateur global, seront surveillés par tous les observateurs. Au-delà en effet de la situation de l’offre, la politique commerciale du pays le plus peuplé du monde donnera le ton, selon M. Mendez del Villar.

Actuellement, de nombreux négociants et maisons de commerce parient sur un potentiel assouplissement des restrictions avec une possible suppression de la taxe de 20 % sur les exportations de riz étuvé et l’application d’une taxe forfaitaire de 90 $ par tonne sur cette catégorie de la céréale. 

Alors que l’augmentation des achats de riz par les agences gouvernementales et l’expansion de la surface de riz en 2024/2025 grâce à une mousson plus favorable plaident en faveur de ce scénario, l’analyste reste prudent.

« Tout le monde attend un retour de l’Inde sur le marché. Mais on ne sait pas si cela va être un retour complet sans les restrictions. Ce serait bien pour les importateurs. Mais en même temps, le gouvernement indien est plutôt prudent. Il y a toujours le spectre de l’inflation. Il n’a pas intérêt à libérer trop tôt ou trop vite ou de manière trop importante les exportations de riz parce qu’il y a un risque d’effondrement des prix pour les exportateurs. Pour l’instant, il y a toujours le spectre de l’inflation, non seulement sur le riz, mais aussi sur d’autres denrées comme le blé et le maïs. Dans ces conditions, l’assouplissement des mesures restrictives se fera probablement de manière très progressive, en attendant que la situation interne s’améliore un peu plus », estime-t-il.

Espoir Olodo