Chronique des matières premières
Par :Marie-Pierre Olphand
RFI (2 septembre 2024), L’Inde va-t-elle lâcher du lest sur le marché du riz ? Acheteurs et vendeurs guettent avec fébrilité un assouplissement des restrictions à l’exportation en vigueur depuis bientôt deux ans.
Depuis la proclamation des résultats des élections indiennes début juin, la planète riz est accrochée à une annonce de New Delhi qui ne vient pas. Tout le monde dit « demain », mais il ne se passe rien, résume un négociant français. Résultat, le marché est en état de léthargie.
Les prix restent très élevés « et cela dure depuis trop longtemps », commente un de nos interlocuteurs. Dans ce contexte, pas question d’anticiper et d’acheter uniquement pour stocker. Que ce soit l’Indonésie, les Philippines, ou les importateurs africains, tous temporisent et commandent juste le nécessaire. Un client qui achetait 40 000 tonnes n’en achète par exemple aujourd’hui que 20 000. D’autres ont reporté leurs achats, explique Patricio Mendez del Villar, économiste au Centre de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement (Cirad) et éditeur de la note de conjoncture Osiriz.
Baisse des prix sur le marché indien
Tout le monde patiente, en espérant qu’un retour total de l’Inde aux affaires sera synonyme de prix cassés, comme c’était le cas avant la mise en place des premières restrictions en septembre 2022 sur les brisures de riz.
Cet espoir est nourri par les prix observés sur le marché local indien : ces derniers jours, le riz blanchi s’affichait 100 dollars plus bas que sur le marché international. Un prix qui, même s’il devait être relevé par des taxes à l’exportation, pourrait rester encore très compétitif et intéressant pour les importateurs.
La récolte d’octobre, un argument pour libérer les stocks
Dans un mois et demi, la nouvelle récolte indienne va venir grossir les stocks « qui seraient déjà 15 % à 20 % plus élevés que d’habitude à cette saison », selon Patricio Mendez del Villar.
Le niveau de production « exceptionnel » attendu cette année, selon la dernière lettre Osiriz, ne laissera alors peut-être plus le choix aux autorités, qui tôt ou tard devront libérer les stocks pour des raisons logistiques.