Brice R. Mbodiam, (Investir au Cameroun) 18 Oct, 2024
Entre 2024 et 2027, le Cameroun ambitionne d’augmenter sa production de riz, passant de 140 710 tonnes à 460 000 tonnes. Autrement dit, le pays vise à tripler la production de cette céréale en quatre ans, l’une des plus consommées sur son territoire. Ces objectifs sont exposés dans le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, élaboré par le ministère des Finances. Toutefois, ce document ne précise pas les mesures concrètes que l’État prévoit de mettre en œuvre pour atteindre cette ambition.
Au demeurant, si le gouvernement camerounais réussit à atteindre son but, il aura franchi un pas décisif vers l’atteindre de son objectif de porter la production nationale de riz à 750 000 tonnes d’ici 2030. Ce volume, selon des sources officielles, devrait permettre de ramener le taux d’autosuffisance en riz à 97%, conformément aux prévisions de la stratégie de développement de cette filière. Adoptée le 16 mai 2023, cette stratégie est assortie d’un budget de 385 milliards de FCFA.
On peut cependant observer que, malgré l’ambition de tripler la production nationale de riz d’ici 2027, l’offre restera inférieure à la demande, contraignant le Cameroun à maintenir ses importations. En effet, selon les données du ministère de l’Agriculture, la demande en riz, qui augmente chaque année, était déjà estimée à 576 949 tonnes en 2020. En comparaison avec les 460 000 tonnes projetées pour 2027, il subsistera un déficit d’au moins 110 000 tonnes à combler par des importations, continuant ainsi à peser sur la balance commerciale du pays.
Réexportation
Selon l’Institut national de la statistique (INS), le Cameroun a importé 652 565 tonnes de riz au cours des dix premiers mois de l’année 2022, pour une valeur de 162,5 milliards de FCFA. Cette denrée représentait alors 4,6 % du montant total des importations du pays. À titre de comparaison, en 2021, les dépenses d’importation de riz avaient atteint 207,9 milliards de FCFA, soit 5,4 % de la valeur totale des importations camerounaises.
En plus de l’incidence négative sur la balance commerciale du pays, les importations de riz au Cameroun sont souvent l’objet de pratiques répréhensibles. Exonéré de taxes à partir de l’année 2008, suite aux émeutes dites de la faim, puis taxé au droit de douane réduit de 5% depuis 2016, le riz importé par les commerçants camerounais sert aussi à alimenter les circuits de contrebande vers le Nigeria. Dans ce pays voisin, cette céréale est surtaxée pour encourager la production locale.
Le Gabon et la Guinée équatoriale, en raison des prix attractifs dans les marchés, sont également cités parmi les réceptacles du riz réexporté par les commerçants camerounais. Selon les données de l’INS, la facture de cette réexportation frauduleuse du riz importé par le Cameroun pour les besoins de la consommation locale a atteint 87 milliards de FCFA en 2019.