
Confronté à des prix du riz record, le gouvernement japonais a débloqué 300 000 tonnes de riz de ses réserves stratégiques en mars dernier. Mais la mesure n’a permis ni de pallier les pénuries, ni de faire baisser les prix. Après la démission du ministre de l’Agriculture, Taku Eto, le 21 mai 2025, les autorités japonaises ont décidé de changer de stratégie.
Au Japon, le prix du riz, denrée de base de l’alimentation, a grimpé en flèche ; en mai 2025, son augmentation se chiffre à 98,4% sur un an. REUTERS – Kim Kyung-Hoon
Carlotta Morteo (RFI), 26 mai 2025
En un an, le prix du riz au Japon a doublé, pour atteindre l’équivalent de 6 euros le kilo. Une hausse inédite, que le gouvernement peine à juguler. Même la mise en vente sur le marché des réserves de riz stratégiques est jugée « inefficace » par les autorités japonaises, qui constatent que seuls 10% à 30% de ces stocks, censés servir en cas de catastrophe, ont effectivement été mis en rayons. Si des problèmes industriels et logistiques sont invoqués, les grossistes sont également soupçonnés de stocker les céréales pour maintenir des prix de vente élevés.
Depuis mars, l’État japonais vend aux enchères ses réserves stratégiques exclusivement aux coopératives agricoles japonaises, un puissant lobby de grossistes, très lié au Parti libéral démocrate, le parti de droite au pouvoir. Mais ce lundi 26 mai, les autorités ont annoncé qu’elles passeront désormais des contrats directement avec les supermarchés et d’autres grands détaillants. Un revirement qui court-circuite les grossistes traditionnels, et qui a pour but de mieux contrôler les prix et la distribution.
Le nouveau ministre de l’Agriculture, Shinjiro Koizumi, espère voir ce riz dans les rayons « début juin au plus tôt ». Il a précisé que le gouvernement se donne la possibilité d’augmenter la quantité de riz sortie des réserves, si les 300 000 tonnes prévues ne suffisent pas. Lors de sa prise de fonction la semaine dernière – après la démission du ministre Taku Eto, contraint de quitter son poste pour avoir tenu des propos polémiques sur le riz –, Shinjiro Koizumi a admis qu’il y avait un « problème structurel » de la filière, et n’a pas caché sa volonté de réformer la politique rizicole du Japon.